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Dans mes bonbons, dans mes parfums, et dans ma boue,
Me tuera… comme Sand a tué Kotzebue !
Oui, j’ai peur — voulez-vous quelques raisins sucrés ? —
D’être tué par l’un d’entre eux !

LE DUC, tranquillement, prenant un bonbon.

D’être tué par l’un d’entre eux !Vous le serez.

GENTZ, reculant.

Hein ? Comment ?

LE DUC.

Hein ? Comment ?Vous serez tué par un jeune homme.

GENTZ.

Mais…

LE DUC.

Mais…Que vous connaissez.

GENTZ, stupéfait.

Mais…Que vous connaissez.Monseigneur…

LE DUC.

Mais…Que vous connaissez.Monseigneur…Il se nomme
Frédéric : c’est celui que vous avez été.
Puisqu’en vous maintenant il est ressuscité,
Puisque comme un remords il vous parle à voix basse,
C’est fini : celui-là ne vous fera pas grâce.

GENTZ, pâlissant.

C’est vrai que ma jeunesse, en moi, lève un poignard !
… Ah ! je ne m’étais pas trompé sur ce regard :
C’est celui de quelqu’un qui s’exerce à l’Empire !

LE DUC.

Monsieur, je ne sais pas ce que vous voulez dire.

(Il s’éloigne. — Metternich rejoint Gentz.)
METTERNICH, à Gentz, en souriant.

Tu causais avec…

GENTZ.

Tu causais avec…Oui.

METTERNICH.

Tu causais avec…Oui.Très gentil.

GENTZ.

Tu causais avec…Oui.Très gentil.En effet.