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LE DUC.

Non.

LE DOCTEUR.

Non.Que regardez-vous ?

LE DUC.

Non.Que regardez-vous ?L’épingle qui le tue.

(Il s’éloigne.)
LE DOCTEUR, désespéré, à Marie-Louise.

Tout l’ennuie !

MARIE-LOUISE, à Scarampi.

Tout l’ennuie !Attendons… je compte sur l’effet…

SCARAMPI, mystérieusement.

Oui, de notre surprise.

GENTZ, qui s’est approché du duc, lui présentant une bonbonnière.

Oui, de notre surprise.Un bonbon ?

LE DUC, prenant un bonbon et le goûtant.

Oui, de notre surprise.Un bonbon ? Oh ! parfait !
Un goût tout à la fois de poire et de verveine,
Et puis… attendez… de…

GENTZ.

Et puis… attendez… de…Non, ce n’est pas la peine.

LE DUC.

Pas la peine de quoi ?

GENTZ.

Pas la peine de quoi ?D’avoir l’air d’être là.
J’y vois plus clair que Metternich. — Un chocolat ?

LE DUC, avec hauteur.

Que voyez-vous ?

GENTZ.

Que voyez-vous ?Quelqu’un qui souffre, au lieu de prendre
Le doux parti de vivre en prince jeune et tendre.
Votre âme bouge encore : on va dans cette cour
L’endormir de musique et l’engourdir d’amour.
J’avais une âme aussi, moi, comme tout le monde…
Mais pfft !… et je vieillis, doucettement immonde,
Jusqu’au jour où vengeant sur moi la Liberté,
Un de ces jeunes fous de l’Université,