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UNE AUTRE, de même.

Quoi donc ? Comme il est pâle !Il n’a pas l’air de vivre !

SCARAMPI, à Thérèse.

Quels passages toujours choisissiez-vous ?

THÉRÈSE.

Quels passages toujours choisissiez-vous ? Le livre
S’ouvrait toujours tout seul… jamais je ne voulus…
(Scarampi s’éloigne en haussant les épaules.)

GENTZ, qui a entendu, hochant la tête.

Le livre s’ouvre seul aux feuillets souvent lus !

THÉRÈSE, à part, regardant mélancoliquement le duc.

Des archiducs sur ses genoux !…

L’ARCHIDUCHESSE, au duc, se penchant au dossier de son fauteuil.

Des archiducs sur ses genoux !…Je suis contente
De te voir. — Je suis ton amie.
De te voir. — Je suis ton amie.(Elle lui tend la main.)

LE DUC, lui baisant la main.

De te voir. — Je suis ton amie.Oui, toi, ma tante.

GENTZ, à Thérèse qui ne quitte pas le prince des yeux.

Comment le trouvez-vous, avec son petit air
De Chérubin qui lit en cachette Werther ?

(Les petits princes, autour du duc, admirent l’élégance de leur grand cousin, jouent avec sa chaîne, ses breloques, contemplent sa haute cravate.)
LA PETITE FILLE, qui est sur ses genoux, éblouie.

Tes cols sont toujours beaux !

LE DUC, saluant.

Tes cols sont toujours beaux !Votre Altesse est bien bonne.

THÉRÈSE, à part, avec un sourire douloureux.

Ses cols !…

UN PETIT GARÇON, qui a pris la cravache du prince et en fouette l’air.

Ses cols !…Personne n’a des sticks pareils !

LE DUC, gravement.

Ses cols !…Personne n’a des sticks pareils !Personne !

THÉRÈSE, à part, de même.

Ses sticks !…

UN AUTRE PETIT GARÇON, touchant les gants que le duc vient de retirer et de jeter sur une table.

Ses sticks !…Oh ! et tes gants !