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THÉRÈSE, lisant.

Jamais des séraphins les chants mélodieux
De plus divins accords n’avaient ravi les cieux :
Courage, enfant déchu d’une race divine…

(Au moment où elle dit ce vers, le duc paraît dans la porte du fond. Thérèse sent que quelqu’un entre, quitte le livre des yeux, voit le duc pâle et immobile sur le seuil, et, bouleversée, se lève. Au mouvement qu’elle fait, tout le monde se retourne et se lève.)



Scène VIII

Les Mêmes, LE DUC.
LE DUC.

Je demande pardon, ma mère, à Lamartine.

MARIE-LOUISE.

Frantz, bonne promenade ?

LE DUC, descendant. Il est en costume de cheval, la cravache à la main, très élégant, la fleur à la boutonnière, et ne sourit jamais.

Frantz, bonne promenade ?— Exquise. Un temps très doux.
(Se tournant vers Thérèse.)
— Mais à quel vers, Mademoiselle, en étiez-vous ?

THÉRÈSE hésite une seconde à répéter le vers ; puis, regardant le duc avec une émotion profonde.

Courage, enfant déchu d’une race divine,
Tu portes sur ton front ta superbe origine ;
Tout homme en te voyant…

MARIE-LOUISE, sèchement, se levant.

Tout homme en te voyant…C’est bien. Cela suffit !

L’ARCHIDUCHESSE, aux enfants, leur montrant le duc.

Allez dire bonjour à votre cousin.

(Les enfants se rapprochent du duc qui s’est assis et l’entourent. Une petite fille et un petit garçon grimpent sur ses genoux.)
SCARAMPI, bas, avec colère, à Thérèse.

Allez dire bonjour à votre cousin.Fi !

THÉRÈSE.

Quoi donc ?

UNE DAME, regardant le duc.

Quoi donc ?Comme il est pâle !