Page:Rostand, L’Aiglon, 1922.djvu/265

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LE GÉNÉRAL HARTMANN, s’avançant.

Général Hartmann !…Prince…

LE DUC, balançant d’une main le berceau.

Général Hartmann !…Prince…Oui… j’attendrai la mort
En berçant le passé dans ce grand berceau d’or !

(De l’autre main il tire un livre qui est sous son oreiller, et le tend au général.)

Général…

(Le général prend le livre. Le Duc se remet à balancer le berceau.)

Général…Le passé… je le berce… et c’est comme
Si le Duc de Reichstadt berçait le Roi de Rome !
— Général, voyez-vous l’endroit marqué ?

LE GÉNÉRAL HARTMANN, qui a ouvert le livre.

— Général, voyez-vous l’endroit marqué ?Je vois.

LE DUC.

Bien. Pendant que je meurs, lisez à haute voix.

MARIE-LOUISE, criant.

Non ! non je ne veux pas, mon enfant, que tu meures !

LE DUC, solennellement, après s’être remonté sur ses coussins.

Vous pouvez commencer à lire.

LE GÉNÉRAL HARTMANN, lisant debout au pied du lit.

Vous pouvez commencer à lire.Vers sept heures,
Les chasseurs de la Garde apparaissent, formant
La tête du cortège

MARIE-LOUISE, comprenant ce qu’il se fait lire, tombe à genoux en pleurant.

La tête du cortège…Oh ! Franz !

LE GÉNÉRAL HARTMANN.

La tête du cortège…Oh ! Franz !À ce moment,
La foule, où l’on peut voir sangloter plus d’un homme,
Pousse un immense cri : Vive le Roi de Rome !

MARIE-LOUISE.

Franz !

LE GÉNÉRAL HARTMANN.

Franz !Les coups de canon s’étant précipités,
Le Cardinal vient recevoir Leurs Majestés ;