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UNE AUTRE.

C’est l’Élévation !…
C’est l’Élévation !…(Toutes les femmes s’agenouillent.)

LE GÉNÉRAL HARTMANN.

C’est l’Élévation !…Tout doucement !

LA COMTESSE, qui est restée debout, apercevant Metternich incliné à côté d’elle, lui touche le bras.

C’est l’Élévation !…Tout doucement !Eh bien !
Monsieur de Metternich, vous ne regrettez rien ?

METTERNICH, se retourne, la regarde, et fièrement :

Non. J’ai fait mon devoir… J’en ai souffert, peut-être…
— C’est à l’amour de mon pays, et de mon maître
Et du vieux monde, que j’ai, Madame, obéi !…

LA COMTESSE.

Vous ne regrettez rien ?

METTERNICH, après une seconde de silence.

Vous ne regrettez rien ?Non. Rien.
(Et comme la clochette sonne, il dit)
Vous ne regrettez rien ?Non. Rien.L’Agnus Dei.

MARIE-LOUISE, au général qui entr’ouvre la porte et regarde par la fente.

Prenez garde, en ouvrant, que la porte ne grince !

METTERNICH, reprenant d’une voix sourde.

Je ne regrette rien… mais c’était un grand prince !
Et quand je m’agenouille, à cette heure, en ce lieu,
(Il plie le genou.)
Ce n’est pas seulement devant l’Agneau de Dieu !

LE GÉNÉRAL HARTMANN, regardant toujours par la porte entre-bâillée.

Le prélat sort le grand ciboire… — il le découvre !…

TOUS, sentant le moment approcher.

Oh !…

LE GÉNÉRAL HARTMANN, les mains sur la porte.

Oh !…Silence absolu : je vais ouvrir !…

TOUS.

Oh !…Silence absolu : je vais ouvrir !…Oh !…

LE GÉNÉRAL.

Oh !…Silence absolu : je vais ouvrir !…Oh !…J’ouvre !

(Il pousse sans bruit les battants. Et l’on aperçoit ce petit salon si gai où tout est en porcelaine, les murs blancs et bleus, le lustre de faïence