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L’ARCHIDUCHESSE.

Chut !…

(Elle échange un regard avec le docteur qui semble l’encourager, et, après une hésitation, se rapprochant du prince, elle commence, d’une voix embarrassée.)

Chut !…Pour remercier Dieu qui nous protégea
— Car nous entrons tous deux, Franz, en convalescence, —
Je compte, ce matin, communier…
(Le Duc la regarde. Elle continue, plus troublée.)
Je compte, ce matin, communier…Je pense
Qu’il serait très joli que tous les deux…
Qu’il serait très joli que tous les deux…(Et brusquement.)
Qu’il serait très joli que tous les deux…Pourquoi
Ne pas communier tout à l’heure avec moi ?

LE DUC, après l’avoir regardée dans les yeux.

Voilà pourquoi tu viens, pieusement coquette.
(À voix basse.)
C’est la fin.

L’ARCHIDUCHESSE, riant.

C’est la fin.Là ! j’en étais sûre !… Et l’étiquette ?

LE DUC.

L’étiquette ?

L’ARCHIDUCHESSE.

L’étiquette ?Mais oui ! Lorsqu’un prince autrichien
Est très mal, on ne peut le tromper. Tu sais bien
Qu’il faut que la Famille Impériale assiste
Lorsqu’il doit recevoir le…
Lorsqu’il doit recevoir le…(Elle s’arrête.)

LE DUC.

Lorsqu’il doit recevoir le…Le ?

L’ARCHIDUCHESSE.

Lorsqu’il doit recevoir le…Le ?Pas de mot triste !

LE DUC, regardant autour de lui.

Au fait, nous sommes seuls !…

L’ARCHIDUCHESSE, montrant la porte du fond.

Au fait, nous sommes seuls !…J’ai fait, dans le Boudoir
De Porcelaine, là, dresser un reposoir
Pas le moindre archiduc, la moindre archiduchesse ;