Page:Rostand, L’Aiglon, 1922.djvu/238

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

FLAMBEAU.

Est-ce que les chasseurs à cheval ont chargé ?

LE DUC, montrant du doigt de lointains brouillards.

Tout ce bleu qui du blanc des baudriers se raye,
Ce sont des tirailleurs, là-bas !

FLAMBEAU, avec un faible sourire.

Ce sont des tirailleurs, là-bas !Général Reille.

LE DUC, ayant l’air de suivre la bataille.

Mais l’Empereur devrait envoyer Oudinot !
Mais il laisse enfoncer sa gauche !

FLAMBEAU, clignant de l’œil.

Mais il laisse enfoncer sa gauche !Ah ! le finaud !

LE DUC.

On se bat ! on se bat ! Macdonald se dépêche,
Et Masséna blessé passe dans sa calèche !

FLAMBEAU.

Si l’Archiduc s’étend sur sa droite, il se perd !

LE DUC, criant.

Tout va bien !

FLAMBEAU, vivement.

Tout va bien !On se bat ?

LE DUC, avec une fièvre croissante.

Tout va bien !On se bat ?Le prince d’Auersperg
Est pris par les lanciers polonais de la Garde !

FLAMBEAU, essayant de se soulever.

Et l’Empereur ? que fait l’Empereur ?

LE DUC.

Et l’Empereur ? que fait l’Empereur ?Il regarde !

FLAMBEAU, soulevé sur les poignets.

L’Archiduc se prend-il au piège du Petit ?

LE DUC.

Tu vois, cette poussière, au loin, c’est Nansouty !

FLAMBEAU, avidement.

L’Archiduc étend-il l’aile de son armée ?