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SEDLINSKY.

Vous n’avez pas le droit ! Mais nous le prendrons.

LE DUC.

Vous n’avez pas le droit ! Mais nous le prendrons.Ciel !

FLAMBEAU.

Il était immoral que tu t’accoutumasses
À ne jamais purger, Flambeau, tes contumaces !

SEDLINSKY, qui vient de consulter de nouveau le signalement.

Il n’est pas décoré, d’ailleurs. — Port illégal !
(À un policier, lui désignant la boutonnière de Flambeau.)
Ôtez-lui donc ce rouge !

FLAMBEAU.

Ôtez-lui donc ce rouge !Ôtez. Ça m’est égal.
(D’un géranium prestement cueilli, il refleurit le revers de son pardessus.)
Ça repousse tant que je veux sur ma pelure !

SEDLINSKY.

Ôtez-lui son manteau !

(On arrache à Flambeau le manteau qu’il avait emporté du bal, et il apparaît dans son uniforme de grenadier. Sedlinsky sursaute.)

Ôtez-lui son manteau !Hein ? Quoi ?

FLAMBEAU, souriant.

Ôtez-lui son manteau !Hein ? Quoi ?J’ai plus d’allure.

LE DUC, avec angoisse.

Mais que va-t-on te faire ?

FLAMBEAU, froidement.

Mais que va-t-on te faire ?À Ney, que lui fit-on ?

LE DUC.

Non ! ce n’est pas possible !

FLAMBEAU.

Non ! ce n’est pas possible !Un feu de peloton !
— Rrrran !

LE DUC, poussant un cri.

— Rrrran !Ah !

FLAMBEAU.

— Rrrran !Ah !J’ai toujours fait aux balles la risette ;
Mais ces françaises-là… non, pas de ça, Lisette !
(Et sa main, doucement, gagne sa poche.)