Page:Rostand, L’Aiglon, 1922.djvu/230

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA COMTESSE.

Mais des gens arrivaient au bruit. Si l’on m’arrête,
Le plan est découvert trop tôt ! Je perds la tête.
Je sors en tâtonnant. J’entends je ne sais qui
Crier d’aller chercher Monsieur de Sedlinsky…
Et je fuis en prenant votre cheval de selle !
— Je l’ai crevé ! — je n’en peux plus !…

LE DUC.

— Je l’ai crevé ! — je n’en peux plus !…Elle chancelle !
(Prokesch et Marmont la soutiennent.)

LA COMTESSE, défaillante.

Après ce que j’ai fait, ah ! j’espérais au moins
Apprendre son départ, ici, par les témoins !

UN DES CONSPIRATEURS, qui faisait le guet sur la route, accourant, à la comtesse.

Vous êtes poursuivie ! — et dans une minute…
(Mouvement de tous pour fuir.)

LE DUC, criant.

Soignez-la ! cachez-la ! là, dans cette cahute !
(Il montre la cabane que le paysan leur ouvre vivement.)

LA COMTESSE, qu’on emporte à moitié évanouie vers la cabane.

Partez !

LE DUC, interrogeant anxieusement ceux qui l’emportent.

Partez !Elle n’a rien ?

LA COMTESSE.

Partez !Elle n’a rien ?Mais partez donc ! ah ! si
Votre père, Monsieur, pouvait vous voir ici,
Faible, attendri, nerveux, flottant comme vous l’êtes…
Mais cela lui ferait hausser les épaulettes !

LE DUC, s’élançant pour fuir.

Adieu !