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FLAMBEAU, au duc qui, épuisé, chancelle.

Qu’avez-vous ?

LE DUC, se raidissant.

Qu’avez-vous ?Moi ?… Rien ! rien !

PROKESCH, lui prenant la main.

Qu’avez-vous ?Moi ?… Rien ! rien !Vous brûlez !

LE DUC, bas.

Qu’avez-vous ?Moi ?… Rien ! rien !Vous brûlez !Jusqu’aux moelles !…
(Haut.)
— Mais ça s’en va quand je galope ! Et les étoiles
Scintillent comme des molettes d’éperons !
Et voici des chevaux ! et nous galoperons !

(On vient d’amener des chevaux. Flambeau prend par la bride celui qui est destiné au duc et le lui amène.)

PROKESCH, à Marmont, lui montrant les conspirateurs.

Pourquoi ces gens sont-ils venus ?

MARMONT.

Pourquoi ces gens sont-ils venus ?Mais pour qu’on sache
Qu’ils ont trempé dans le complot !…

LE DUC.

Qu’ils ont trempé dans le complot !…Une cravache !

UN CONSPIRATEUR, lui en tendant une et se présentant dans un salut.

Le vicomte d’Otrante !

LE DUC, avec un léger recul.

Le vicomte d’Otrante !Hein ? le fils de Fouché ?

FLAMBEAU.

Ce n’est pas le moment d’en être effarouché !
(Il arrange le cheval.)
L’étrier long ?

LE DUC.

L’étrier long ?Non, court.

UN AUTRE CONSPIRATEUR, saluant.

L’étrier long ?Non, court.Cet homme qui s’incline,
C’est Goubeaux, le meilleur agent de la cousine
De Votre Majesté…
De Votre Majesté…(Il salue encore.)
De Votre Majesté…Goubeaux.