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TIBURCE, qui s’est rassis seul à sa table, tendant nerveusement son verre à un laquais.

De l’eau ?

LE LAQUAIS, qui est celui que le duc a envoyé au château, tout en remplissant le verre de Tiburce.

De l’eau ?Monsieur est dur pour le Corse !

TIBURCE, levant les yeux sur lui, avec un étonnement hautain.

De l’eau ?Monsieur est dur pour le Corse !Hein ?

LE LAQUAIS, baissant la voix.

De l’eau ?Monsieur est dur pour le Corse !Hein ?Plus tendre,
Votre sœur, pour son fils !…
Votre sœur, pour son fils !…(Mouvement de Tiburce.)
Votre sœur, pour son fils !…Voulez-vous les surprendre ?

TIBURCE.

Quand ?

LE LAQUAIS.

Quand ?Ce soir.

TIBURCE.

Quand ?Ce soir.Où ?

LE LAQUAIS.

Quand ?Ce soir.Où ?Je sais.

TIBURCE, lui faisant signe d’aller l’attendre dehors.

Quand ?Ce soir.Où ?Je sais.Attends-moi près d’ici !

(Le laquais s’éloigne. Tiburce se lève et, la main sur sa grande rapière de capitan.)

Je vais débarrasser l’Autriche !

(Cependant LE DUC, avant de partir avec Flambeau qui l’attend sur le seuil, est allé vers l’attaché qui a fini de causer avec ses amis, et lui mettant la main sur l’épaule.)

Je vais débarrasser l’Autriche !Vous, merci !

L’ATTACHÉ, se retournant.

De quoi donc ?

(Le Duc soulève son masque une seconde. L’attaché va pousser un cri.)
LE DUC, mettant un doigt sur ses lèvres.

De quoi donc ?Chut !

L’ATTACHÉ, bas.

De quoi donc ?Chut !Le duc ?

LE DUC.

De quoi donc ?Chut !Le duc ?Un complot.