napperon de dentelle laissant passer par un trou le tronc de l’oranger, et sur chacune de ces petites tables d’où jaillit un arbre illuminé, un somptueux petit couvert est mis. Vaisselle de vermeil. Cristaux irisés. Luxe de fleurs. Nuée de laquais poudrés qui, en un clin d’œil, flanquent chaque caisse de quatre chaises légères, et habillent les deux orangers qui étaient déjà en scène comme les nouveaux venus. — Cependant, tous les masques sortent du théâtre, en farandole, se tenant par la main, sur l’air de galop qu’attaque l’orchestre. En voyant la surprise que leur réservait Metternich, ils poussent des cris d’enthousiasme. La longue chaîne dansante, conduite par l’Archiduchesse et l’Attaché français, se met à serpenter autour des orangers et ce sont des éclats de rire, des appels, des interjections, parmi lesquels on entend à peu près :
— Vous marchez sur ma robe ! — Hop ! Hop ! — Je perds ma houppe !
— Bravo, les orangers ! — Dansons en rond ! — Baron !
— Marquise ! — Hop ! hop ! — Plus vite ! — Encor ! — Toujours ! — En rond !
— Attention ! Un, deux… à trois, on se sépare !
Trois !
Et la farandole se disloque.)
Hourrah !
Notre essaim de femmes l’accapare !
Prince ! — Duc ! — Monseigneur ! — Altesse !
Que pour le duc ce soir !
Sandor ! — Zichy ! — Mina !
On me reconnaît donc ?
À ce collier de jade !
Au dessert on pourra se faire une orangeade !
Duc !…
Sterlets du Danube ! — Et caviar du Volga !