Page:Rostand, L’Aiglon, 1922.djvu/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Qu’on ait jamais aimé quelqu’un pour son génie !
Et puis, ne parlons plus de lui, parlons de nous
(Coquettement.)
Cela vous plaira-t-il, Parme ?

BOMBELLES.

Cela vous plaira-t-il, Parme ?Était-il jaloux ?

MARIE-LOUISE.

Jusqu’à chasser Monsieur Leroy, tailleur-modiste,
Parce qu’en m’essayant un péplum, cet artiste
N’avait pu voir, sans un cri d’admiration,
(Elle a laissé glisser derrière elle, sur le banc, la grande cape qui couvrait sa robe décolletée.)
Mes épaules.
(Et ses épaules, couvertes de diamants, apparaissent.)

BOMBELLES, flatté dans son amour-propre d’homme et dans sa haine de royaliste.

Mes épaules.Jaloux ?… Alors, Napoléon…

MARIE-LOUISE, regardant autour d’elle, avec effroi, à ce nom trop indiscrètement prononcé.

Chut !…

BOMBELLES, avec une satisfaction croissante.

Chut !……n’aurait pas aimé me voir les trouver belles,
Vos épaules, — ce soir… Il n’aurait pas…

MARIE-LOUISE, le rappelant à l’ordre.

Vos épaules, — ce soir… Il n’aurait pas…Bombelles !

BOMBELLES, dégustant le plaisir de se venger de la Gloire.

Aimé m’entendre dire à Votre Majesté…

(Il s’assied sur le banc, près d’elle.)
LE DUC.

Oh ! mon père, pardonnez-moi d’être resté !

BOMBELLES, regardant l’édifice de nattes à la mode du jour qui coiffe la tête de Marie-Louise d’une sorte de bonnet d’Arlésienne.

… Qu’elle est coiffée un peu comme nos filles d’Arles,
Mais qu’elle est bien plus belle, étant plus blonde ?…

MARIE-LOUISE, faiblement.

Mais qu’elle est bien plus belle, étant plus blonde ?…Charles !