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FANNY ELSSLER, s’approchant du duc, et récitant mystérieusement.

Son uniforme sous un manteau

LE DUC, sursaute, et achevant la phrase du billet reçu par Prokesch

… Son uniforme sous un manteau…violet.
(Ironiquement.)
Il était d’une femme, ô Prokesch, le billet !

FANNY, montrant au duc l’attaché français qui vient d’apparaître.

Le temps de dépister ce masque qui m’obsède,
Et je reviens !

LE DUC, souriant.

Et je reviens !J’attends.

(Fanny fuit à travers les ruines, essayant de perdre l’attaché. — Le duc se promène de long en large, et avec une sorte de rage.)

Et je reviens !J’attends.C’est mon destin ! — Je cède ! —
Aimons !

(La musique est de plus en plus énervante. Des couples passent au fond, cherchant l’ombre.)

Aimons !Ayons au cœur un furieux avril !
Aimons…
(Il montre un couple très tendre qui se dirige vers le banc.)
Aimons…comme ceux-là !… comme tous !

(Mais, soudain, il tressaille et se jette derrière un oranger, qui le cache ; car le couple parle, se croyant seul ; et dans ce couple qu’il a désigné d’un geste méprisant, il reconnaît Marie-Louise et son chambellan Bombelles.)



Scène VII

MARIE-LOUISE, BOMBELLES, — LE DUC, derrière un oranger.
BOMBELLES, continuant une conversation commencée.

Aimons…comme ceux-là !… comme tous !Était-il
Très épris ?

MARIE-LOUISE, riant.

Très épris ?C’est de lui que vous parlez encore ?