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Vous ne roulez donc pas vers le ciel Parmesan ?
(Il regarde le déguisement de Thérèse)
Mais que d’herbe ! En quoi donc êtes-vous ?

THÉRÈSE, souriante et les yeux baissées.

Mais que d’herbe ! En quoi donc êtes-vous ?Je suis en
Petite…

LE DUC, se souvenant.

Petite…Ah ! oui ! c’est vrai !
Petite…Ah ! oui ! c’est vrai !(Mélancoliquement)
Petite…Ah ! oui ! c’est vrai !Sur sa roche lointaine.
Mon père, pour amie, avait une fontaine.
Elle le consolait d’un geôlier. C’est pourquoi
Il fallait qu’à Schœnbrunn, ma Sainte-Hélene à moi,
Mon âme ne fût pas tout à fait sans ressource,
Et qu’ayant le geôlier elle eût aussi la Source !

THÉRÈSE.

Vous évitiez pourtant, vers moi, de vous pencher ?

LE DUC.

Parce que je songeais à m’enfuir du rocher.
Mais c’est fini !

THÉRÈSE.

Mais c’est fini !Comment ?

LE DUC.

Mais c’est fini !Comment ?Plus d’espoir ! J’abandonne
Tout rêve !

THÉRÈSE, se rapprochant vivement de lui.

Tout rêve !Vous souffrez ?

LE DUC, d’une voix de tendresse suppliante.

Tout rêve !Vous souffrez ?Il faut qu’elle me donne,
Ma Source, — sa fraîcheur, son murmure !…

THÉRÈSE, tout près de lui.

Ma Source, — sa fraîcheur, son murmure !…Elle est là.

LE DUC, lentement.

Et même si je veux la troubler ?

THÉRÈSE, levant sur lui des yeux limpides.

Et même si je veux la troubler ?Troublez-la.