Page:Rostand, L’Aiglon, 1922.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

TOUTES, avec enthousiasme.

Oh ! c’est cela, Princesse !

UNE QUI N’A ENCORE RIEN DIT, inspirée.

Oh ! c’est cela, Princesse !Et risquons un retour
Vers les modes Empire !

LA PREMIÈRE, vivement.

Vers les modes Empire !Oh ! le soir ! pas le jour !

UNE AUTRE.

Ah ! ma chère, ces tailles courtes sont infâmes !

TOUTES À LA FOIS.

Les ruchés !… les bouillons !… Mais, ma chère !…

METTERNICH, qui surgit en riant.

Les ruchés !… les bouillons !… Mais, ma chère !…Ah ! Mesdames !

TOUTES, avec un cri d’effroi.

Ah ! Dieu !

METTERNICH, riant aux éclats.

Ah ! Dieu !Continuez ce complot étonnant !
Conspirez !… conspirez !… ah ! ah !…

(Il sort en riant toujours, suivi de Sedlinsky. Son rire se perd. Aussitôt les conspiratrices, dispersées comme pour une fuite, se rapprochent sur la pointe du pied, se mettent en bouquet autour de celle qu’on a appelée Princesse.)

LA PRINCESSE.

Conspirez !… conspirez !… ah ! ah !…Et maintenant
Que grâce à ce petit papotage frivole
Le soupçon éveillé par Sedlinsky s’envole,
Prouvons-leur qu’auprès des Machiavels féminins
Les Metternich les plus Metternich sont des nains !

TOUTES.

Oui.

LA PRINCESSE.

Oui.Chacune sait bien, ce soir, quel est son rôle ?

TOUTES.

Oui.

LA PRINCESSE.

Oui.Disséminons-nous dans le bal !

(Les dominos mauves s’éparpillent.)