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Un bijou de petit théâtre, sur lequel
Des amateurs princiers vont nous jouer Michel
Et… je ne sais plus quoi… — piécette à l’eau de rose
D’un Français qui s’appelle Eugène… quelque chose !

L’ATTACHÉ.

On soupe ?…

METTERNICH.

On soupe ?…Ici.

L’ATTACHÉ, surpris, regardant autour de lui.

On soupe ?…Ici.Comment ?

METTERNICH, posant la main sur une caisse d’oranger.

On soupe ?…Ici.Comment ?Sur chaque caisson vert
Va neiger une nappe et pleuvoir un couvert !

L’ATTACHÉ, amusé.

Ah ! bah ! les orangers ?…

METTERNICH, enchanté de son effet.

Ah ! bah ! les orangers ?…Oui. Tout à l’heure on roule
Ici tous ceux du parc ; sous chaque grosse boule
Deux couples prennent place, affamés et légers…

L’ATTACHÉ.

Enfin, c’est un souper par petits orangers !
C’est admirable !

METTERNICH, modestement.

C’est admirable !Eh ! oui ! — Quant aux affaires graves…
(À un laquais.)
Allez dire que c’est assez de danses slaves !
(Le laquais sort en courant par la gauche. Revenant à l’attaché :)
Je ne les remets pas à demain, moi. Je pars
Avant souper. Je dois répondre aux Hospodars
On m’attend.
(À un autre laquais, lui désignant l’intérieur du théâtre :)
On m’attend.Les festons par là sont un peu pingres !
(Revenant à l’attaché :)
Organiser un bal, c’est mon violon d’Ingres ;
Puis, quand le bal est bien bondissant et riant,
Je vais te retrouver, Question d’Orient !