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L’ISABELLE, au Polichinelle.

Pourquoi ?

LE POLICHINELLE, mystérieusement.

Pourquoi ?Chut ! mon secret !
Pourquoi ?Chut ! mon secret !(Il l’embrasse et se sauve.)

LE PIERROT.

Pourquoi ?Chut ! mon secret !… dans ce décor de ruines !

UN ARLEQUIN, qui rêve, un pied sur la margelle du bassin.

Tout est incertitude et tout est trémolo,
La musique, nos cœurs, le clair de lune, et l’eau !

(Metternich, en habit de cour sous un grand domino noir, entre avec l’attaché militaire français qui est aussi en habit et domino ; il lui explique la fête avec condescendance.)

METTERNICH.

Donc, Monsieur l’attaché d’ambassade de France,
Ici de la pénombre et du demi-silence…
(Il désigne le fond à gauche.)
Et, dans la lumière et dans du bruit, là-bas,
Le bal…

L’ATTACHÉ, admiratif

Le bal…Oh ! c’est vraiment…

METTERNICH, négligemment.

Le bal…Oh ! c’est vraiment…C’est joli, n’est-ce pas ?
(Montrant la droite.)
Par là…

L’ATTACHÉ, avec un étonnement respectueux.

Par là…Quoi ! vous daignez être mon cicerone ?

METTERNICH, lui prenant le bras, avec une affectation de frivolité.

Mon cher, je suis moins fier du Congrès de Vérone
Que d’avoir réussi ce bal dans ces jardins,
Et d’avoir mélangé tous ces parfums mondains
À cette âpre senteur nocturne et forestière !
— Donc, par là, la sortie. Au fond, le vestiaire,
De sorte qu’en partant, tout de suite, on pourra
Reprendre sa roulière, ou bien sa witchoura.
(Montrant la porte de gauche.)
Enfin, dans un salon de boulingrin bleuâtre,
Là, près de la Fontaine aux Amours, le théâtre,