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METTERNICH.

Le volt… ?

FLAMBEAU.

Le volt… ?Vous traversez la petite rotonde
Sans qu’un pareil toupet, un yatagan le tonde ?
Le salon blanc n’est pas de sous-offs habité
Qui, sur le poêle en or, font du punch et du thé ?
Vous ne rencontrez pas quelques vieilles barbiches
Dans la pièce aux chevaux, dans la pièce aux potiches ?
Et dans la galerie, alors, les brigadiers
Trouvent tout naturel que vous vous baladiez ?
(Au comble de l’indignation.)
On peut donc traverser le cabinet ovale
Sans que le maréchal du palais vous avale ?

METTERNICH, reculant sous cette abondance inquiétante de détails précis.

Le maréchal ?…

FLAMBEAU.

Le maréchal ?…Ce dogue, alors, c’est un carlin ?

METTERNICH.

Mais j’entre…

FLAMBEAU.

Mais j’entre…Ce palais, alors, c’est un moulin ?
— Et quand vous arrivez au bout de l’enfilade,
Personne ?… Le portier d’appartement… malade ?
Et le valet de chambre… absent ?… Et le gardien
Du portefeuille ?… où donc s’est-il mis ?… dans le sien ?

METTERNICH.

Mais…

FLAMBEAU.

Mais…Au lieu d’être là pour vous chercher des noises,
L’aide de camp de nuit, que fait-il ?… des Viennoises ?

METTERNICH.

Mais…

FLAMBEAU.

Mais…Et le moricaud de garde ?… il prie Allah ?
Eh bien ! mais c’est encore heureux que je sois là !