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METTERNICH.

Ah ! et puis… nous laisser opérer à Bologne.
Ah ! et puis… se calmer un peu sur la Pologne.

LE DUC, le regardant.

Ah !… et puis ?

METTERNICH.

Ah !… et puis ?Eh bien ! mais, nous solutionnons
La question des noms… vous savez bien, les noms
Des batailles,
(S’inclinant d’un air de condoléances vers l’Empereur.)
Des batailles,— … mon Dieu, Sire, que vous perdîtes ! —
Il faudra les ôter aux maréchaux.

LE DUC, avec hauteur.

Il faudra les ôter aux maréchaux.Vous dites ?

L’EMPEREUR, conciliant.

Oh ! peut-être…

METTERNICH, sèchement.

Oh ! peut-être…Pardon, mais ces gens-là sont fous
De se croire seigneurs de lieux qui sont à vous,
Et vous n’approuvez pas cette façon, je pense,
D’emporter, dans leurs noms, nos villages en France !

LE DUC.

Ah ! grand-père ! grand-père !
(Il est maintenant tout à fait loin de l’Empereur.)

L’EMPEREUR, baissant la tête.

Ah ! grand-père ! grand-père !Il est bien évident…

LE DUC, douloureusement.

Nous étions dans les bras l’un de l’autre, pourtant !
(Et se tournant vers Metternich.)
Avez-vous quelque chose à demander encore ?

METTERNICH, tranquillement.

Oui. La suppression du drapeau tricolore.

LE DUC.

(Un silence. Le Duc fait lentement quelques pas et s’arrête devant Metternich.)

Votre Excellence veut que lavant ce drapeau
Plein de sang dans le bas et de ciel dans le haut,
— Puisque le bas trempa dans une horreur féconde,
Et que le haut baigna dans les espoirs du monde, —