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L’EMPEREUR.

Ah ! bah !

LE DUC.

Ah ! bah !Si tu voulais !

L’EMPEREUR, très tenté.

Ah ! bah !Si tu voulais !Certes, on nous proposa
Souvent de vous laisser enfuir !…

LE DUC, vivement.

Souvent de vous laisser enfuir !…Oh ! fais donc ça !

L’EMPEREUR.

Mon Dieu ! je voudrais bien…

LE DUC.

Mon Dieu ! je voudrais bien…Tu peux !

L’EMPEREUR.

Mon Dieu ! je voudrais bien…Tu peux !Ce qui m’arrête…

LE DUC.

N’ayez pas des pensers de derrière la tête.
Ayez des sentiments, là, de devant le cœur.
Ce serait si joli qu’un jour un empereur
Pour gâter son enfant bouleversât l’histoire ;
Et puis c’est quelque chose, et c’est un peu de gloire,
De pouvoir quelquefois, — sans avoir l’air, tu sais, —
Dire : « Mon petit-fils, l’empereur des Français ! »

L’EMPEREUR, de plus en plus charmé.

Certes !

LE DUC, impétueusement.

Certes !Tu le diras ! Dis que tu vas le dire !

L’EMPEREUR, après une dernière hésitation.

Eh bien ! mais…

LE DUC, suppliant.

Eh bien ! mais…Sire !

L’EMPEREUR, ne résistant plus et lui ouvrant les bras.

Eh bien ! mais…Sire !Oui, sire !

LE DUC, avec un cri de joie.

Eh bien ! mais…Sire !Oui, sire !Ah ! sire !

L’EMPEREUR.

Eh bien ! mais…Sire !Oui, sire !Ah ! sire !Sire !

LE DUC.

Eh bien ! mais…Sire !Oui, sire !Ah ! sire !Sire !Sire !