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THÉRÈSE.

J’attends Sa Majesté, là, dans mon coin.

BOMBELLES.

J’attends Sa Majesté, là, dans mon coin.Comment ?
— Mais c’est elle qui fait la basse en ce moment !

THÉRÈSE, se levant, saisie.

L’Imp…

BOMBELLES.

L’Imp…Je vais l’avertir.

Il va vers le piano et parle bas à une des dames qui jouent.
MARIE-LOUISE, se retournant.

L’Imp…Je vais l’avertir.Ah ! c’est cette petite ?…
Histoire très touchante… oui… vous me l’avez dite…
Un frère qui…

BOMBELLES.

Un frère qui…Fils d’émigré, reste émigré.

TIBURCE, s’avançant, d’un ton dégagé.

L’uniforme autrichien est assez de mon gré ;
Puis il y a la chasse au renard, que j’adore.

MARIE-LOUISE, à Thérèse.

Le voilà, ce mauvais garnement qui dévore
Tout le peu qui vous reste !

THÉRÈSE, voulant excuser Tiburce.

Tout le peu qui vous reste…Oh ! mon frère…

MARIE-LOUISE.

Tout le peu qui vous reste…Oh ! mon frère…Un vaurien,
Qui vous ruina ! mais vous l’excusez, c’est très bien.
— Thérèse de Lorget, je vous trouve charmante.

(Elle lui prend les mains et la fait asseoir près d’elle sur le canapé.
Bombelles et Tiburce se retirent en causant, vers le fond.)

Vous voilà donc parmi mes dames. Je me vante
D’être assez agréable… un peu triste depuis…
— Hélas !
— Hélas !(Silence.)

THÉRÈSE, émue.

— Hélas !Je suis troublée au point que je ne puis
Exprimer…