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(Il montre les deux plaques de sa poitrine.)
Moi qui ne porte plus que deux croix au lieu d’Une !
Moi malade, exilé, prisonnier… je ne peux
Galoper sur le front des régiments pompeux
En jetant aux héros des astres !… Mais j’espère,
J’imagine… il me semble enfin que, fils d’un père
Auquel un firmament a passé par les mains,
Je dois, malgré tant d’ombre et tant de lendemains,
Avoir au bout des doigts un peu d’étoile encore…
Jean-Pierre-Séraphin Flambeau, je te décore !

FLAMBEAU.

Vous ?

LE DUC.

Vous ?Dame ! ce ruban n’est pas le vrai…

FLAMBEAU.

Le vrai,
C’est celui qu’on reçoit en pleurant. — J’ai pleuré.

MARMONT.

D’ailleurs, c’est à Paris que ça se légalise !

LE DUC.

Mais que faire pour y rentrer ?

FLAMBEAU.

Mais que faire pour y rentrer ?Votre valise !

LE DUC.

Hélas !

FLAMBEAU, rapidement.

Hélas !Non ! plus d’hélas ! — C’est aujourd’hui le neuf ;
Si vous voulez, le trente, être sur le Pont-Neuf,
Assistez — et, le trente, on reverra la Seine ! —
Au bal que demain soir donne Népomucène.

LE DUC ET MARMONT.

Qui ?

FLAMBEAU.

Qui ? Metternich (Clément-Lothaire-Wenceslas-
Népomucène). Allez au bal, — et plus d’hélas !

MARMONT.

Mais tu dis devant moi des choses bien secrètes !