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Je me promène, avec un chapeau bolivar.
Quiconque me regarde est traité de « vampire ».
Je me bats trente fois en duel. Je conspire
À Béziers. Le coup rate. On me condamne à mort
Par contumace. Bon. Je m’affilie encor
Au complot de Lyon. On nous arrête en masse.
Je file. On me condamne à mort par contumace.
Et je rentre à Paris, où, comme par hasard,
Je me trouve fourré du complot du bazar.
Desnouettes (Lefèvre) étant en Amérique,
Je l’y joins : « Général, que fait-on ? » — « On rapplique ! »
Départ ; naufrage ; et comme un simple passager,
Voilà mon général noyé. Je sais nager,
Et je nage, en pleurant Lefèvre-Desnouettes…
Bon, très bien. Du soleil, des flots bleus, des mouettes,
Un navire, on me cueille… et je débarque, mûr
Pour aller prendre part au complot de Saumur.
Complot raté. Cour prévôtale. Je m’esbigne.
Le commandant Caron du cinquième de ligne
Conspirant à Toulon, j’y vole. Mais en vain,
Car nous bavardons trop chez un marchand de vin :
Tout rate. On me condamne à mort par contumace.
Je vais me dérouiller en Grèce la carcasse
Contre ces sales Turcs, que l’on écrabouillait !
Enfin je rentre en France, un matin de juillet,
Je vois faire un tas de pavés, j’y collabore,
Je me bats ; et, le soir, le drapeau tricolore
Flotte au lieu du drapeau pâle de l’émigré.
Mais comme à ce drapeau, quelque chose, à mon gré,
Manquait encore, en haut de sa hampe infidèle,
— Vous savez, quelque chose, en or, qui bat de l’aile ! —
Je pars pour un complot en Romagne. Il rata.
Une cousine à vous…

LE DUC, vivement.

Une cousine à vous…Son nom ?

FLAMBEAU.

Une cousine à vous…Son nom ? Camerata !
Me prend pour professeur d’escrime…