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iv
INTRODUCTION

platonisme et ses corollaires de conception passionnelle pendant la Renaissance italienne.

L’Aube craieyait de fatigue les visages, éteignant les bougies et les yeux, que nous récitions encore des chansons de Dante et des subtilités de fidèles d’amour.

« L’esthéticisme anglais fait suite à ce néoplatonisme, — me dit-elle, — il en est même la dernière évolution… Connaissez-vous Rossetti ?… Dans l’ennui pesant d’un séjour d’été, à la campagne, j’ai traduit les cent-un sonnets de la Maison de Vie… Sans idée présente de publication, je souhaiterais en tête de mon manuscrit même, comme initiatrice au poète-peintre, cette érudition qui le filie à travers le passé intellectuel et le commente jusqu’en ses obscurités… Ce que vous m’avez dit, écrivez-le. »

Je me récriai qu’en voyage on perdait son style et que les mots eux-mêmes fuyaient une chambre d’hôtel…

« N’est-ce que cela ? Je fais des visites tout demain, venez écrire aux Platanes. »

J’étais à bout de mauvaises raisons ! Le moyen de se dérober au désir d’une femme dont on est l’obligé.

Car je lui devais une des reconnaissances morales dont s’affranchir est félonie ; après m’avoir lu, elle avait dédaigné cacher mes livres comme les autres femmes du monde marseillais ; on l’avait vitupérée d’oser de l’estime littéraire pour le prétendu mécréant de la décadence