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VOYAGE

1791. Novembre. six heures de suite, changeassent de vêtemens, à la fin de chaque quart. Cette précaution m’avoit paru si nécessaire, que je chargeai les officiers de quart de l’exécution de cet ordre. Je dois à leurs soins vigilans, et à l’exactitude avec laquelle mes intentions ont été remplies à cet égard, d’avoir évité les maladies qui ont souvent lieu dans cette traversée et que le capitaine Cook avoit éprouvées lui-même pendant ses deux premiers voyages, maladies dont il ne s’est préservé, dans le dernier, que par les mesures que nous avons prises à son exemple.

Quelques jours après notre départ de l’île de Ténériffe, nous avons vu des bonites et des thons nager autour du vaisseau ; ces poissons qui ont continué de l’accompagner, étoient en plus grand nombre lorsque le sillage du vaisseau devenoit plus considérable. On en prit une grande quantité à bord de l’Espérance ; ils ont procuré à son équipage un aliment sain, et propre à diminuer les rigueurs de la traversée. La pêche de La Recherche n’a pas été aussi abondante ; mais nous n’avons éprouvé aucun inconvénient par la privation de cette ressource, et les deux équipages étoient également en très-bon état.

La mer a été très-lumineuse dans les nuits sombres ; et nous avons été souvent à portée de remarquer les circonstances qui accompagnent ce phénomène. Plusieurs physiciens et naturalistes l’ont attribué à la présence de petits animaux lumineux, laissant échapper de leurs corps une matière huileuse qui surnage ; d’autres ont voulu l’attribuer uniquement