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VOYAGE

bâbord en 1793.
Août
sortant. Nous prolongeâmes ensuite la côte septentrionale de Waigiou, en faisant route à l’Ouest avec des vents de Sud et de Sud-Sud-Est. Nous continuâmes la même route pendant la nuit, par un beau clair de lune, jusqu'à ce que nous eûmes connoissance de l'île Pulo-Éen. Alors on prit les amures à tribord, et l'on courut de petites bordées.

Nous 28. étions, le 28 au jour, entre la côte occidentale de Waigiou et les petites îles qui sont dans le Nord-Ouest de cette côte. Il se présentoit alors deux passages pour entrer dans les Moluques, Fun au Nord de Pulo-Ruïb, et l’autre près de l’extrémité de Waigiou ; M. DE BOUGAINVILLE nommé celui-ci Passage des François. Le premier avoit l’inconvénient de nous obliger de faire route à l’Ouest et de nous porter trop sous le vent ; en conséquence nous préférâmes le second, quoiqu’il se présentât dans le lit du vent, qui souffloit du Sud-Sud-Est bon frais. L’expérience du navigateur François qui nous servoit de guide, nous avoit appris que dans ce canal les courans portent au Sud avec une grande vitesse ; et nous devions espérer d’en sortir avant la fin du jour. Nous n’eûmes pas lieu de nous repentir d’avoir pris ce dernier parti ; car, à midi, nous trouvant à l’endroit le plus étroit du canal, nous y éprouvâmes des courans si rapides, que nous pûmes doubler au vent les dernières îles avant le cou­cher du soleil. Nous traversâmes en louvoyant plusieurs raz de marée, au milieu desquels la mer étoit si agitée qu’on auroit pu craindre d’y rencontrer quelques dangers ; mais nous