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DE DENTRECASTEAUX.

fertilité, de 1793.
Août
nourrir une population nombreuse. On n’y vit que très-peu de cases, dont la plupart étoient désertes. Les plus voisines de l’endroit où l’on avoit fait les obser­vations astronomiques, paroissoient n’avoir été abandon­nées que depuis très-peu de temps ; car on trouva, à une petite distance, des tombeaux dont la terre avoit été remuée récemment, et qui étoient encore ornés de feuillage et de petites bandes de papier de différentes couleurs. Il semble que ce peuple se tient toujours sur ses gardes, et redoute toute communication avec les étrangers ; les habitans des bords de la mer se retirent dans l’intérieur du pays, à l’approche des vaisseaux qui paraissent sur la côte. Cette méfiance dont ils ont contracté l’habitude, explique pourquoi ils se tinrent éloignés de nous pendant les premiers jours de notre relâche. Le nombre des pirogues qui nous apportèrent ensuite des pro­visions, n’augmenta sans doute que lorsque nos intentions leur furent bien connues. Au reste, le caractère ombrageux des habitans de Waigiou peut être attribué à ce qu’ils sont continuellement en guerre avec leurs voisins. Tous les es­claves que les Hollandois emploient dans leurs différens établissemens, viennent des îles situées à l’Est de Sumatra et de Java ; et les peuples qui habitent ces îles, se font la guerre entre eux, et ont coutume de s’attaquer à l’improviste, pour faire des prisonniers qu’ils vendent ensuite aux Hollandois.

D’après le récit du capitaine FOREST, on peut conjec­turer qu’il n’a pas trouvé dans les autres parties de la côte septentrionale de Waigiou, plus d’habitans que nous n’en

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