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VOYAGE
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de LA RECHERCHE à la mer. Je donnai ordre aux offi­ciers qui 1793. Mai. devoient les commander, d’aller auprès du petit village dont je viens de parler, et de ne mettre pied à terre que dans le cas où ils seroient assurés de pouvoir le faire sans courir de danger. Je leur recommandai d’examiner les habitans avec une extrême attention, afin de s’assurer s’ils avoient quelques marchandises Européennes, et sur­ tout de celles qui auroient pu provenir des bâtimens de M. DE LA PEROUSE. Dès que nos canots se furent mis en marche, les pirogues qui s'etoient avancées au large prirent la fuite, et les naturels se retirèrent sur le rivage : à la vue des étoffes rouges qu’on leur montra en s’approchant d’eux, ils ne tardèrent pas à venir près de nos canots. Les échanges se firent de part et d’autre avec tranquillité, mais avec une extrême méfiance de la part des naturels. Ils avoient des arcs et des flèches dont ils ne se dessaisissoient qu'avec beaucoup de peine : ceux d'entre eux qui, plus avides de nos marchandises qu’attachés à leurs armes, voulurent trafiquer de leurs arcs, furent fortement répri­mandés par leurs compagnons ; mais ceux là même eurent l’attention de ne donner les arcs qu’à un des deux canots et les flèches à 1'autre. Ils nous donnèrent quelques-uns de leurs ornemens, tels que des bracelets assez bien travaillés, des colliers, &c. &c. Dans le nombre des colliers il y en avoit plusieurs de grains de verre ; mais ces grains provenoient certainement de manufactures Angloises ; et c’étoit le seul effet Européen que nous eussions apeçu dans l’entrevue qui