Page:Rossel - Voyage de Dentrecasteaux, envoyé à la recherche de La Pérouse.pdf/392

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
328
VOYAGE

dépassée. 1793.
Avril
Quoique nous ne fussions pas à une grande distance de la côte, nous n’avions pas pu distinguer l’île de l’Observatoire de COOK, que je croyois devoir servir de point de reconnoissance. Je fis prendre les amures à tribord et courir une bordée au Nord-Est, pour nous élever dans l’Est et pour nous mettre au vent de la passe. Il faut convenir que le temps n’étoit pas favorable pour s’engager dans un havre formé par des ressifs, et rempli de bancs. Cependant la vue de l’île Balabea, et la latitude observée à midi, qui étoit de 20° 5′ 49″, ne m’ayant laissé aucun doute que l’ouverture que nous avions dépassée ne fût l’entrée de Balade, je n’hé­sitai pas à y donner. Nous vîmes enfin l’île de l’Observatoire, lorsque nous arrivâmes à l’entrée de la passe ; mais elle est si basse, qu’il n’est point étonnant que, dans la matinée, elle ait paru confondue avec les brisans qui l’entourent : c’est plutôt un banc de sable qu’une île, quoiqu’il y croisse quelques genêts.

Nous étions dans la passe à près de deux heures ; on trouva au milieu quinze brasses d’eau. Le premier pilote faisoit gouverner du haut du mât de misaine : nous courumes plusieurs bords sans gagner beaucoup au vent, parce que nous étions forcés de louvoyer sans grande voile et avec deux ris pris dans les huniers. Nous passâmes sur plusieurs hauts-fonds. Une bordée plus avantageuse que les autres, nous faisoit espérer d’arriver au mouillage, quand on nous avertit que l’ESPERANCE étoit échouée : nous arrivâmes aussitôt, pour passer sous le vent de cette frégate ; et nous vînmes mouiller