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DE DENTRECASTEAUX.

à faire, il ne manquera rien 1793.
Avril
aux ressources que peuvent offrir les îles des Amis.

Quant aux cochons, volailles, &c. &c., il y a peu ou point de pays où l’on puisse, comme à Tongatabou, se pro­curer, dans l’espace de quinze jours, près de quatre cents cochons, six cents cocos par jour environ, cinq cents volailles, des ignames autant que l’on pourroit en consommer, ainsi que des bananes et des cannes à sucre. Le fruit à pain y étoit moins abondant que les autres objets : il paroît qu’il est plus négligé, parce que les habitans, et sur-tout les chefs, n’en font pas un grand usage. L’on a embarqué, sur chaque frégâte, plus de mille cocos, et de tous les autres comestibles autant qu’il étoit possible d’en conserver. Il seroit difficile, dans quelque relâche que ce pût être, de se pourvoir d’autant de rafraîchissemens ; aussi les équipages trouvoient-iis que c’étoit le meilleur pays de la terre. Mais ce n’est pas à raison des comestibles seulement que ce mouillage étoit si fort de leur goût ; la malheureuse facilité qu’ils ont eue de se lier avec les femmes qu’ils y ont rencontrées, et dont quelques-uns se sont ressentis, contribuoit beaucoup à le leur rendre agréable.

C’est à l’extreme abondance de toute espèce de vivres que sont dues sans doute la prodigieuse population des îles des Amis, et la bonne constitution des habitans, que l’on remarque sur-tout parmi les chefs, qui jouissent de tous les agrémens de la vie. Aussi, d’abord, avois-je été tenté de croire que ces chefs étoient choisis à l’embonpoint et à la taille ; mais,