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DE DENTRECASTEAUX.

acte d’hostilité. Ces hommes mal-intentionnés furent contenus, sans doute, par la 1793.
Mars
promptitude avec laquelle tout le camp se trouva en armes et en état de les repousser. Je mis pied à terre au moment où le jour commençoit à per­mettre de distinguer les objets : la tranquillité paroissoit être rétablie ; mais j’aperçus néanmoins qu’il y avoit de la fermentation du côté où étoient les gens armés : on voulut les forcer à s’éloigner ; ils s’y refusèrent. Ils agitoient leurs massues et leurs lances avec un air d'insulte qu’il eût été peut-être nécessaire de réprimer ; mais je ne voulois pas encore employer les moyens de rigueur. Aucun chef n’avoit paru : dès la veille, les principaux d'entre eux s'étoient retirés d’assez bonne heure, instruits vraisemblablement des projets de cette populace, qu’ils n'avoient ni les moyens ni la vo­lonté de contenir.

D’après l’événement qui avoit eu lieu pendant la nuit, il ne nous restoit que deux partis à prendre pour nous mettre en sûreté contre les attaques de ces insulaires ; celui de nous retrancher dans une enceinte fortifiée et entourée d’un fossé, d’où l’on auroit pu repousser par la force toute entreprise de leur part ; ou bien celui de nous résoudre à ne laisser sub­sister à terre aucun établissement fixe, et nous borner à faire des échanges pendant le jour, et à revenir à bord avant la nuit. La construction d’un retranchement devoit exiger un temps considérable, et pouvoit d'ailleurs occasionner de nouveaux actes d’hostilité, que je voulois éviter. Le dernier parti me parut préférable, et ce fut celui auquel je m’arrêtai.

TOME I.
Nn