diriger cette opération. Les échanges se firent avec une 1793.
Mars
très-grande tranquillité dans la matinée ; mais, malgré ce
calme apparent, on avoit remarqué que les gens armés, soit
qu’ils le fussent dans la vue de trafiquer de leurs armes ou
dans des desseins hostiles, étoient plus turbulens que les
marchands d’autres objets : ils étoient placés parmi ceux-ci ;
et nous avions de la peine à les contenir hors des limites qu’on avoit tracées sur le terrain. Le tumulte augmenta le soir, et nous sembla d’un mauvais augure : il nous détermina à
prendre des précautions dont il sera parlé plus bas, et que
l’événement a prouvées être très-nécessaires. Il nous fut impossible de connoître si ces hommes turbulens étoient de
la classe des guerriers ou de celle des chefs, ou bien si le
nombre n’en étoit composé que d’une masse de gens sans
aveu et sans propriété.
Dans cette même soirée on crut devoir leur inspirer de la crainte, en leur faisant connoître l’usage de nos armes à feu : deux oiseaux furent attachés à un arbre assez éloigné, et un des meilleurs tireurs se présenta, comme assuré de les abattre du premier coup ; mais il les manqua deux fois. Une seconde personne renouvela le même essai ; son fusil ne partit pas. Des risées s’élevèrent de tous côtés, mais plus encore de celui des gens armés ; un d’eux tendit son arc, et abattit un de ces oiseaux. Cet acte d’adresse eut des applaudissemens sans nombre, et contrasta d’une manière fâcheuse avec le peu de succès de nos premières tentatives. Une troisième personne se présenta, et tua le second oiseau : mais la première