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DE DENTRECASTEAUX.

gouvernail. Je fis mettre en panne sur-le-champ ; et M. DE 1793. Janvier TROBRIAND vint à bord pour m’apprendre que l'état dans lequel se trouvoit le gouvernail de cette frégate ne lui permettoit pas de tenir encore long-temps la mer. Il m’instruisit que depuis notre départ de la baie de l’Espérance, M. HUON avoit été forcé de faire supprimer les boissons antiscorbutiques et le pain frais ; il me dit que tout le monde, sans distinction, avoit été réduit, depuis long-temps, à trois quarts d’eau par jour, et ajouta que, malgré cette réduction, qui pouvoit devenir très-nuisible à la santé des équipages, il ne restoit plus que trente barriques d’eau à bord de l’ESPERANCE. Nous n’avions pas alors une beaucoup plus grande quantité d’eau à bord de la RECHERCHE : cependant, comme nous étions dans le voisinage des îles Saint-François, où nous pouvions nous rendre en une journée de vents favorables, je ne voulus pas abandonner la reconnoissance de cette côte avant le lendemain matin, dans l’espérance que les vents pourroient changer pendant la nuit, et nous permettre d’aller jusqu’à ces îles.

Le 3 janvier, les vents paroissant fixés au Sud-Est, j’écrivis 3. à M. HUON pour lui demander si l’ESPERANCE étoit en état de rester encore deux ou trois jours sur la côte : sa réponse, qui fut très-bien motivée, ne me permit plus de différer à prendre le parti d’abandonner la reconnoissance de la côte Sud-Ouest de la Nouvelle-Hollande ; et nous fîmes route pour la terre de Van-Diémen. A midi, étant par 31° 49’ de latitude australe, et par 129° 18’ 30" de longitude