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DE DENTRECASTEAUX.


1792. Décembre »La nuit étant survenue, je retournai vers ma fontaine ; j’avois quelques allumettes phosphoriques ; je fis du feu : j’espérois qu’il seroit vu par les naturels, peut-être devenus moins timides pendant la nuit, et que je pourrois obtenir d’eux quelque aliment. Je n’avois, à la vérité, dans ce moment, d’autres armes, en cas d’attaque, que mon marteau de minéralogie, et un pistolet chargé, sans poudre ni balle pour une seconde décharge : mais, ayant été vu pendant le jour, je crus qu’il valoit mieux, dans tous les cas, montrer de l’assurance que marquer de la crainte ; d’ailleurs la faim me pressoit, et je la redoutois plus que les naturels pour le lendemain. Je me couchai auprès du feu, et je dormis quelques heures.

»Le 15 décembre, dès que le jour parut, j’attachai auprès de la fontaine un billet à un arbre, pour indiquer ma route à ceux qui auroient la bonté de me chercher, et je m’avançai au Nord-Ouest ; j’apercevois de ce côté-là des dunes de sable, qui me faisoient présumer que j y rencontrerois la mer, ou au moins des hauteurs assez considérables pour découvrir la situation du pays où je me trouvois. Après avoir marché une partie de la matinée sur un terrain souvent marécageux et très-peuplé d’oiseaux et de végétaux, j’arrivai au pied de ces dunes de sable mouvant ; je gravis avec beaucoup de peine sur la plus élevée : de là je reconnus toute l’assiette de la contrée. Le lac que j’avois côtoyé, avoit à-peu-près une lieue de longueur ; il étoit isolé dans les terres, et séparé à l’Est d’un second lac encore

Tome 1
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