Page:Rossel - Voyage de Dentrecasteaux, envoyé à la recherche de La Pérouse.pdf/258

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
194
VOYAGE


1792. Décembre » infectoient l’air, me firent penser qu’il n’avoit pas dû rester long-temps au milieu de ces marécages.

» Nous prîmes une demi-heure de repos sur une des hauteurs qui dominent le lac, et d’où nous pouvions le voir dans toute son étendue. Ce lac dont nous avions trouvé les eaux saumâtres, peut avoir une lieue et demie de l’Est à l’Ouest, et environ une lieue de largeur du Nord au Sud. Dans l’Est, on apercevoit les eaux d’un second lac moins grand que le premier ; mais nous en étions trop éloignés pour avoir pu juger de son étendue. Nous trouvâmes sur la dune un arbre de moyenne taille, mais d’une végétation vigoureuse, et couvert de grappes de fleurs qui avoient la couleur d’orange. C’est le seul arbre de cette espèce que nous ayons vu. Nous n’aperçûmes aucun des oiseaux aquatiques que nous avions trouvés en très-grand nombre sur les lacs de la terre de Van-Diémen.

» À neuf heures, nous nous remîmes en marche, pour revenir à notre canot. Alors nous ne suivîmes plus une même direction ; mais nous fîmes des détours pour visiter une plus grande étendue de pays. Notre marche étoit très-pénible au milieu de ces sables mouvans. Il nous tardoit d’arriver au sommet des dunes pour respirer ; car, dans les vallées, nous étions suffoqués par la chaleur. Il paroît cependant que les vents violens y pénètrent ; le sable y est sillonné dans tous les sens, par l’effet des tourbillons. Je tuai, sur une des dunes, un serpent de cinq pieds de long, qui rampoit très-près de moi.