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DE DENTRECASTEAUX.

1792.
Juin.
l’étendue de la côte occidentale que nous avons parcourue ; ce qui sembleroit confirmer que le ressif qui borde cette île, est sans issue. Entre les brisans et le rivage, la mer est si tranquille, que le moindre corps flottant doit suffire au transport de ceux qui naviguent pour la pêche, si le poisson sert à la nourriture des naturels. Aussi n’est-ce que vers le Nord de l’île que le capitaine Cook a vu de grandes pirogues, parce que c’est le seul endroit où il ait trouvé un passage au milieu des brisans : d’ailleurs le ressif qui borde les deux côtés de la Nouvelle-Calédonie, s’étend encore à une très-grande distance dans le Nord-Ouest de cette île, où il paroît qu’il forme un immense bassin, au milieu duquel sont quelques petites îles. Ce bassin semble, par son étendue, rendre nécessaire l’usage d’embarcations moins frêles que celles dont peuvent avoir besoin les peuplades qui vivent sur les bords de la grande île, d’où le ressif ne nous a paru presque jamais s’éloigner de plus de trois milles, dans la partie la plus large : car il s’en éloigne davantage aux deux extrémités qui sont plus étroites ; et les brisans de la côte de l’Est, ainsi que ceux de la côte de l’Ouest, conservent entre eux la même distance dans toute leur longueur.

À la seule inspection de la carte on jugera combien cette côte est périlleuse par les vents de Sud-Ouest ; ces vents ont soufflé pendant plusieurs jours, et j’étois loin d’être tran­quille : le détail de notre route fera connoître combien il seroit difficile de s’élever de la côte, s’ils forçoient un peu plus que ceux que nous y avons essuyés. Plus cette côte

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