1792.
Mai. »souffloit avec force, et le sillage des canots nous empêcha
de sonder au milieu du canal ; mais nous n’aperçûmes
aucun danger sur notre route. Je crois qu’il doit y avoir un
grand brassiage ; car en approchant l’extrémité Sud de la
petite île vers laquelle nous nous étions dirigés, nous avons
trouvé vingt-une brasses d’eau, sur un fond de beau sable
fin. Nous nous trouvions alors à l’entrée d’une passe très
étroite, qui sépare l’île de la pointe orientale de la grande
baie dans laquelle nous commencions à nous engager.»
»Après être sortis de cette passe, nous découvrîmes une petite anse de sable, où je me décidai à débarquer. Nous prîmes aussitôt des relèvemens, et nous nous mîmes à faire quelques incursions dans l’île. Nous fîmes partir, dans nos courses, deux compagnies de perdrix qui nous parurent être de la même espèce que celles d’Europe. A une petite distance du rivage, trois huttes, qui étoient abandonnées, nous firent penser que les naturels du pays venoient habiter cette petite île dans certaines saisons de l’année. Sur le soir le temps devint mauvais : toute la nuit nous avons eu des grains violens et de la pluie ; mais notre établissement étoit trop bien situé pour que nous eussions rien à craindre.»
»En quittant l’anse, nous fîmes route sur une ouverture qui restoit au Nord—Est du compas, et qui sembloit indiquer l’entrée d’un canal très-profond. Lorsque nous nous fûmes éloignés du rivage, nous reconnûmes que nous étions dans une rade immense, dont les côtes formoient plusieurs anses profondes, et présentoient des découpures