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VOYAGE

1792.
Avril.
nous avons été constamment portés vers le Nord : les différences en longitude se sont compensées ; aussi l’estime, à l’époque de notre attérage, ne s’écartoit-elle pas de la longitude obtenue par nos montres.

Les vents, depuis l’île d’Amsterdam, ont soufflé souvent avec une extrême violence, de la partie de l’Ouest ; nous avons presque toujours eu une très-grosse mer, qui a beaucoup fatigué les frégates. Le grand nombre de coups de mer que La Recherche a reçus, a ébranlé les porte-haubans ; et l’eau a pénétré dans l’intérieur du bâtiment jusque dans les soutes, que nous sommes cependant parvenus à garantir de l’humidité.

La remarque déjà faite sur le concours des phénomènes de la mer lumineuse avec l’état de l’atmosphère plus ou moins électrique, semble être confirmée par un nouveau phénomène. Nous avons remarqué que c’étoit, en général, à l’époque où le temps paroissoit disposé à l’orage, et où le mercure baissoit dans le baromètre, que la mer étoit scintillante ; et il paroît en effet que c’est principalement quand l’air est le plus chargé de fluide électrique, que ce phénomène se manifeste avec le plus d’éclat.

Dans la nuit du 14 avril, par 42° 14′ de latitude australe, et 127° 47′ 3″ de longitude orientale, la mer fut constamment phosphorique ; elle sembloit rouler des corps volumineux, que l’on auroit pris pour des globes de feu : mais pendant les grains redoublés et très-violens de vent et de grêle qui eurent lieu cette même nuit, la mer parut encore