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VI

L’attaque


Un matin, nous voguions mollement, Sabine et moi, sur le lac. Notre ami nous avait d’abord suivis dans notre paresseuse promenade. Il allait, revenait par des sauts imprévus, entraînait quelque temps notre radeau. Nous fîmes halte à l’ombre d’un bouquet de frênes, sur un îlot.

Des nymphæas songeaient neigeusement sur leurs feuilles assombries. L’humble renoncule d’eau se levait entre de fins archipels d’algues. Les sagittaires déployaient leur fine pâleur, aux reflets adoucis comme les nimbus à l’aube. Et les poissons aigus, émergeant par cohortes, s’élançaient à la joie. Plantes et bêtes glorifiaient le jour ; l’heure sonnait aux carillons de l’ombre, aux rides