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La pensée par le mouvement n’était pas uniquement, chez nos hôtes, générale et poétique. Elle devenait souvent particulière : j’entends qu’elle servait à exprimer des notions précises. J’ai pu épier, par exemple, dans quelques cas, de véritables dialogues en action, dont je finissais par saisir quelque vague linéament, insuffisant sans doute pour me faire suivre la pensée des nageurs, mais très suffisant pour me faire saisir que c’était une causerie que je voyais. Dans des leçons aquatiques aux enfants, auxquelles j’eus la joie d’assister, je me confirmai dans ma conviction : ceux qui enseignaient les enfants exprimaient leur approbation ou leur désapprobation par des inflexions de nage, dont, en fin de compte, j’en distinguai deux au moins : par l’un on arrêtait net la leçon, par l’autre on la modifiait.

L’amour y trouvait naturellement son expression. Les Hommes-des-Eaux savaient déployer un art de tendresse, de supplica-