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les mains avec ardeur. Il sourit, parla confusément : ce n’était pas une voix humaine, mais je ne sais quelle syllabation gutturale d’amphibie.

Cependant il nous voyait grelotter. Il nous fit signe de le suivre. Nous passâmes au long d’une mince chaussée naturelle, ferme et dure. Elle s’élargit, elle s’éleva, si bien que nous atteignîmes une manière de plate-forme au milieu des eaux. Là, l’homme nous fit signe d’arrêter, et de nouveau disparut.

« Nous abandonnerait-il ? — demanda anxieusement Sabine.

— N’importe, nous sommes sauvés.

— Et si étrangement ! »

La lune était haute, presque blanche, éclatante. À perte de vue s’étendaient les marécages, le pays des Eaux-Tristes. Je rêvais à des choses nombreuses, dans une espèce d’hallucination, lorsque je vis la silhouette de l’homme revenir, et, avec lui, le cheval de Sabine :