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fatigue, je ne pourrais le dire : une invincible torpeur me coucha sur le sol, ne me laissant pas même la force de songer au péril.

C’est alors que je sentis un souffle embrasé sur ma figure. J’avançai instinctivement les mains ; je rencontrai la gueule de Saïd. À ce contact, je fus comme électrisé. La mort s’éloigna. Je me levai et m’accrochai à la crinière de mon compagnon. Le chemin que je ne pouvais trouver, l’instinct de la bête allait me l’ouvrir par enchantement. Je n’ai souvenir que d’une galopade effrénée par de longues galeries, de la rivière traversée deux fois à la nage, et je me retrouvai à la sortie de la grotte, à l’endroit où j’avais laissé mes vêtements et mes armes.

Bientôt les Arabes parurent, en petit nombre. Poussant des cris, ils s’avancèrent : ils étaient six. Derrière eux, un septième jaillit de la grotte. Au rebours des autres, qui marchaient avec prudence, celui-là se mit à courir vers la forêt. J’épaulais