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voulais pas risquer son existence. D’ailleurs, durant mon attente, j’appris que le blessé était le véritable chef des pirates. Il commandait en maître. Deux ou trois fois, il fit venir des hommes auxquels il donna des ordres, et qui l’écoutèrent avec une grande déférence. Il s’était emparé d’Aïcha. Cette circonstance la gardait contre le déshonneur, car le chef était grièvement blessé.

Il remplissait des fonctions religieuses qui accroissaient son prestige. Aïcha savait qu’il ne manquerait pas d’aller faire la prière du soir auprès de ses hommes et qu’il arriverait un moment où elle se trouverait seule. En effet, les pirates bientôt enlevèrent le blessé sur son lit et le transportèrent dans la salle que j’avais aperçue de loin. Les deux femmes l’accompagnèrent. Aïcha demeura seule : elle leva sur moi des yeux étincelants, puis, dans un geste résolu, ôta les voiles qui lui cachaient le visage. Je compris la signification de cet acte, et je demeu-