Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/318

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au sortir de l’ombre des piliers, la lueur du foyer arrivait jusqu’à moi. Je distinguais assez nettement les visages. Quelques femmes accroupies mangeaient à l’écart…

Un Arabe se leva, et dirigea son regard de mon côté. Je n’eus garde de bouger, mais, insensiblement, je plongeai la tête dans l’eau pour m’effacer davantage. Une balle frappa l’eau à quelques centimètres de ma tête, un tonnerre résonna sous les voûtes, se répercutant de pilier en pilier. L’Arabe m’avait évidemment visé. Il fallait trouver un refuge. La fumée du coup de feu me faisait un rideau ; je m’approchai de la rive, j’y vis une sorte de havre, et d’un seul élan je m’y blottis. Quand la fumée se trouva dissipée, les Arabes ne purent m’apercevoir. Je sus, d’ailleurs, qu’ils avaient cru tirer sur quelque gros poisson, car le tireur s’installa au bord de la rivière, avec la paresse naturelle à sa race, attendant que la proie lui fût amenée par le courant.