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lir. Je pense qu’il ignorait la présence du lion. Peut-être avait-il vu Saïd en notre compagnie, mais il devait supposer une singulière coïncidence, non la vérité. Je comptais beaucoup sur ce point pour le surprendre.

Mais j’avais mal interprété le silence des adversaires. Ils ne se bornaient pas à nous guetter et j’en eus bientôt la preuve : une masse d’herbes enflammées, mêlées de branchages, croula dans la fissure. Et des voix ironiques clamèrent :

— Voici des provisions !

En même temps, le combustible tombait de toutes parts. Le feu s’étendit et s’éleva ; l’atmosphère de vint irrespirable ; une horrible chaleur commença de nous envelopper. Nous nous vîmes perdus :

— Mektoub ! fit Oumar, en baissant la tête avec l’immense résignation de sa race.

Ah ! je ne partageais pas ce fatalisme. Je poussais des hurlements de rage. Mais la chaleur redoublait. Je me dirigeai vers le