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une fente et je fis une traînée jusqu’à une légère dépression de terrain ; puis je poussai Oumar vers la dépression et nous nous enfouîmes littéralement sous terre. Le trou fait, je me relevai et regardai venir l’énorme vague animale. La terre tremblait, l’air retentissait du bruit de la galopade et de furieux barits. Mon briquet à la main, j’attendis. Si ma mine fusait, au lieu d’éclater, nous étions perdus ; mon choix avait porté sur une fissure assez étroite ; la poudre s’y était répandue en profondeur ; j’avais obturé l’ouverture du mieux que j’avais pu.

Cependant, les bêtes colossales approchaient. Je n’espérais pas interrompre leur course ; je comptais sur une surprise qui la ferait dévier. Oumar, ignorant mon stratagème, demeurait la face contre terre et attendait la mort. Je ne commençai à battre mon briquet qu’au moment où les éléphants se trouvèrent à quelque trente mètres de ma mine. Lorsque l’explosion éclata, j’étais