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Toujours guidés par les rugissements, nous arrivâmes à un point d’où la bête nous aperçut. Elle s’avança avec un cri plus terrible ; mais la détonation d’un fusil retentit et je la vis revenir soudain en arrière, se réfugier derrière un massif. Je me précipitai. Le sang coulait d’une blessure qu’elle avait à l’épaule. Sa crinière se hérissait de rage ; elle était visiblement partagée entre la prudence féline et le désir de la vengeance. Je la déterminai à me suivre. Elle ne semblait pas avoir reçu d’atteinte sérieuse. Il fallait d’abord obtenir son silence, j’eus recours à un artifice simple et qui réussit : je la muselai avec ma ceinture. Je crois vraiment que, malgré sa répugnance, elle accepta ce qu’elle sentit être, dans son obscur entendement, plutôt une garantie pour moi qu’une précaution contre elle.