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fille ni son frère revinssent. Je pensais qu’Aïcha pouvait m’avoir attendu malgré Abd-Allah, dont elle supportait impatiemment les soupçons, et je prenais mon fusil, quand les rugissements de Saïd éclatèrent. Nous ne nous effrayâmes pas d’abord, car le lion, dans ces contrées, aime encore crier sa force sans motif ; mais le rugissement reprit avec une fréquence inquiétante.

C’est à la fontaine que notre course nous porta d’abord. La cruche dans laquelle Aïcha puisait de l’eau s’y trouvait, brisée en mille pièces, la coiffure d’Abd-Allah gisait dans l’eau, et, même, je découvris un petit bracelet appartenant à la jeune fille. Nous ne pouvions plus douter qu’il s’agît d’un enlèvement.

Je sentis que nous commettions une imprudence en laissant seuls nos méharis et nos chevaux, mais les appels de Saïd, l’impatience d’Oumar, ma propre fureur, m’enlevèrent tout sang-froid.